À l'occasion des 50 ans de la CEDEAO, le 28 mai dernier, si beaucoup ont dressé le tapis rouge à la libre circulation des personnes et des biens, d'autres ont pointé du doigt la précarité déconcertante de ceux qui gagnent le SMIG. Ce dernier, en 50 ans, n'a jamais été une priorité pour la CEDEAO.
« La situation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Afrique de l'ouest devient un enjeu auquel il faut s'intéresser. On a trop parler durant 50 ans de libre circulation des personnes et des biens sans jamais parler du SMIG...», explique Yusuf Basiru, économiste et spécialiste du travail salarié.
Il continue et déplore le fait que : « Les travailleurs de l’Afrique de l’Ouest subissent une exploitation féroce avec des conditions de travail atroces, inhumaines, et à la limite proches de l’esclavage dans les multiples entreprises tant nationales qu’étrangères...», écrit encore le spécialiste.
SMIG : PARENT PAUVRE...
Une vue partielle de la frontière Nigeria/Bénin à Sèmè-Kraké : « Si la libre circulation des personnes et des biens est une réalité, le SMIG de la majorité laisse à désirer...».
Il fait encore savoir : « A titre d’exemple, dans les pays de la CEDEAO avant l'AES, le niveau moyen du Salaire minimum (SMIG) est très faible. Au Nigeria, il est de 1,26 $ par jour soit un salaire moyen mensuel de 45 $ tandis que le Ghana
ne fait que payer environ 40 $ par mois...»
Il poursuit et s'attarde sur les autres cas. On peut citer le Bénin avec 52 000 F.CFA soit (environ 90 $), la Côte d’Ivoire 75000 F.CFA (environ 120 $)...».
Il avance encore d'autres statistiques : « En Guinée Conakry, le SMIG vaut 550 000 GNF (environ 64 $ ou 38 000 F.CFA. Au Togo, on a 52500 F.CFA tandis que le Sénégal 64.223 F.CFA soit environ 100 $..»
Nuru Adelakun, économiste, chercheur et spécialiste du travail salarié et forcé évoque le cas des trois pays de l'AES. «Au Mali, le SMIG est évalué à 40 000 F.CFA. Au Niger, il est passé de 30 047 FCFA en 2014 à 42 000 FCFA tandis que le Burkina Faso est 45 000 F.CFA. C'est une hausse de 46,65 %, car on est passé de 30 684 à 45 000 FCFA) via le décret du Capitaine Traoré.».
Quelques jours avant les 50 ans de la CEDEAO, le président de Wapo, le Béninois et professeur à l'Université de Calavi, Philippe Noudjènoumê avait adressé aux travailleurs et peuples de l’Afrique de l’Ouest, un message important le 1er mai dernier.
Comme un héros qui défend la cause des travailleurs ouest-africains, le professeur Noudjènoumê avait dénoncé : « L’exploitation capitaliste avec la surexploitation moyenâgeuse due à la faiblesse du développement du capitalisme...».
Il a également mis en exergue : « La domination néocoloniale sur nos pays, le pillage des ressources de nos pays, conséquence de la domination des monopoles impérialistes qui en est la conséquence.».
...SMIG : QUE RETENIR ?
Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) représente la rémunération minimale légale qu’un employeur doit verser à un salarié dans le secteur formel.
En Afrique de l’Ouest francophone, le SMIG est un outil juridique clé pour protéger les travailleurs tout en reflétant les réalités économiques locales.
Cependant, son application varie d’un pays à l’autre, tout comme son montant et son impact réel face au coût de la vie.
Il est bien de célébrer 50 ans de coopération sous-régionale avec la libre circulation des personnes et des biens. Cependant, comment peut-on bien circuler quand on gagne peu?
Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria
lafriqueenmarche du 02 juin 2025 No 921
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