L’application du SMIG demeure un défi majeur dans les pays d’Afrique de l’Ouest. L’économie informelle, qui représente souvent plus de 70 % de l’activité économique dans ces États, limite considérablement son impact. Quels sont les enjeux et Perspectives du Smig en 2025 et pourquoi ces disparités ?
Le SMIG ne concerne qu’une minorité de travailleurs évoluant dans le secteur formel – employés de l’administration publique, d’entreprises privées structurées ou d’industries.
Les artisans, commerçants ambulants ou agriculteurs, qui forment le gros de la population active, échappent à ce filet de sécurité salariale. Cette réalité fragilise l’objectif même du SMIG : garantir un revenu minimum décent pour tous.
À cela s’ajoute l’inflation, qui érode le pouvoir d’achat des salaires, même dans le secteur formel. Avec la hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des loyers, le SMIG, lorsqu’il existe, perd rapidement sa capacité à couvrir les besoins essentiels.
...POURQUOI CES DISPARITÉS ?
Les écarts de SMIG observés entre les pays d’Afrique de l’Ouest s’expliquent par une combinaison de facteurs économiques, sociaux et politiques. Le coût de la vie joue un rôle central : à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où le SMIG est fixé à 75 000 FCFA (environ 114 euros), les dépenses quotidiennes sont bien plus élevées qu’à Niamey, au Niger, ou à Bamako, au Mali, où le SMIG est inférieur (autour de 40 000 à 50 000 FCFA selon les contextes).
La productivité économique est également déterminante : la Côte d’Ivoire, première puissance de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) grâce à ses exportations de cacao et son secteur industriel, peut se permettre un SMIG plus ambitieux que des pays aux économies plus fragiles, comme le Niger, dépendant des ressources limitées et vulnérable aux chocs climatiques.
Enfin, la volonté politique entre en jeu : certains gouvernements hésitent à augmenter le SMIG par crainte de décourager les investisseurs ou de peser sur les petites entreprises.
Pourtant, même dans les pays les mieux lotis, le SMIG reste souvent jugé insuffisant. En Côte d’Ivoire, par exemple, les 75 000 FCFA mensuels peinent à suivre l’inflation galopante, qui a atteint des pics notables ces dernières années sous l’effet des crises mondiales (comme la guerre en Ukraine ayant impacté les prix des céréales et des hydrocarbures).
Les travailleurs dénoncent un décalage criant entre ce salaire minimum et le coût réel d’un panier de biens de première nécessité, estimé bien au-delà par les syndicats.
PERSPECTIVES POUR LE SMIG EN 2025...
En ce début 2025, les pressions pour une revalorisation du SMIG s’intensifient. La flambée des prix mondiaux, exacerbée par des tensions géopolitiques et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, continue de faire grimper l’inflation dans la région.
À cela s’ajoutent les revendications syndicales, de plus en plus audibles. En Côte d’Ivoire, les travailleurs réclament un doublement du SMIG, le faisant passer à 150 000 FCFA, arguant que ce montant refléterait mieux les réalités économiques actuelles : un sac de riz de 50 kg coûte désormais autour de 25 000 FCFA, et les frais de transport ou de logement absorbent une part croissante des revenus.
Cependant, cette ambition se heurte à des contraintes majeures. Les gouvernements doivent jongler entre les attentes des populations et la nécessité de préserver la compétitivité des entreprises, souvent réticentes à supporter des charges salariales accrues dans un contexte régional concurrentiel. Une hausse trop brutale du SMIG pourrait également alimenter l’inflation, créant un cercle vicieux où les prix augmentent à nouveau, annulant les bénéfices pour les travailleurs.
Des solutions intermédiaires, comme des subventions ciblées sur les produits de base ou des allégements fiscaux pour les employeurs, pourraient être explorées pour équilibrer ces tensions.
En définitive, l’avenir du SMIG en Afrique de l’Ouest en 2025 dépendra de la capacité des États à s’adapter à un environnement économique instable tout en répondant aux aspirations légitimes d’une population confrontée à une précarité croissante.
Source https://africapaierh.com/juridique/le-smig-en-afrique-de-louest/
lafriqueenmarche du 2 juin 2025 No 922