À la suite de la tentative de coup d’État déjouée la semaine dernière, le président Bola Ahmed Tinubu, a procédé à un remaniement sans précédent au sein des forces armées. Plusieurs hauts gradés, proches de l’état-major, ont été démis de leurs fonctions, officiellement pour “manquements graves à la discipline et à la loyauté républicaine”.
Par décret présidentiel signé ce 23 octobre, le chef de l’État a confirmé le renvoi de trois commandants de division, du chef adjoint des services de renseignement militaire, ainsi que de plusieurs officiers de liaison accusés d’avoir fermé les yeux sur des “activités subversives” au sein de l’armée.
« L’armée nigériane doit rester unie derrière la Constitution. Aucune tentative de déstabilisation ne sera tolérée, d’où qu’elle vienne», a martelé Tinubu dans un message diffusé à la télévision nationale (NTA).
C'est donc un véritable coup de tonnerre au sommet de l’armée nigériane. Et cette décision du président Tinubu est perçue à Abuja comme un séisme politique et militaire.
DÉJÀ DES INTERPRÉTATIONS ET FERMETÉ DE TINUBU...
Par rapport à cette tentative de coup d'État, l'opération menée par la Direction du renseignement d’État (DSS), a conduit à l’arrestation d’une dizaine d’officiers, dont deux colonels en service dans le nord du pays.
Les autorités affirment que le complot a été inspiré par des éléments radicaux profitant de la montée du mécontentement populaire lié à la hausse du coût de la vie, à la dévaluation du naira, et à la pénurie de carburant.
Confronté à une opinion publique de plus en plus critique, le président Tinubu a décidé d’agir vite et fort. Le limogeage des chefs militaires s’inscrit dans une stratégie de réaffirmation de l’autorité présidentielle et de réassurance de la hiérarchie militaire.
Le général Christopher Musa, chef d’état-major des armées, a conservé son poste mais a promis une réorganisation interne complète.
Le chef d'état-major a laissé un message pressant à l'armée. « Aucun uniforme ne doit devenir un outil politique. Notre loyauté est envers la République, pas envers des ambitions personnelles», a-t-il déclaré.
Des nouveaux commandants ont déjà été nommés dans les zones sensibles du pays, notamment dans le Nord-Ouest (région en proie aux groupes armés) et dans le Delta du Niger, où les tensions autour du pétrole se multiplient.
...CONTEXTE INTERNE DIFFICILE ET INFLUENCE EXTÉRIEURE ?
Cette affaire de tentative de coup d'État intervient dans un contexte explosif. En effet, l'armée nigériane est fragmentée après des années de lutte contre les groupes jihadistes de "Boko Haram" et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), mais aussi contre les bandits armés et séparatistes du Sud-Est.
Aussi, urgent-il de souligner les frustrations de plus en plus grandes au sein des troupes.
Mieux, la troupe est confrontée aux retards de soldes, au manque d’équipements, et au sentiment d’abandon par le pouvoir civil.
Certains observateurs estiment que cette situation crée un terreau dangereux pour les ambitions putschistes, dans un contexte régional marqué par une série de coups d’État récents (Niger, Burkina Faso, Mali, Guinée).
Cette tentative de coup d'État a-t-elle eu des frontières idéologiques en Afrique de l’Ouest? Ce qui se passe à Niamey ou à Ouagadougou, Bamako influence-t-il psychologiquement certaines factions militaires dans l'armée nigériane ?
À titre de rappel, la semaine dernière, la présidence nigériane avait confirmé avoir déjoué un projet de coup d’État impliquant certains officiers de l’armée et des acteurs politiques en exil.
Selon des sources sécuritaires, les services de renseignement auraient intercepté des communications suspectes évoquant : « Une prise de contrôle temporaire du pouvoir pour restaurer l’ordre face à la crise économique.».
Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria
lafriqueenmarche du 24 octobre 2026 No 1032
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