Le président ougandais, Yoweri Museveni a fait une cure thérapeutique qui lui a permis de perdre du poids à partir du manioc. Peut-il offrir de meilleures perspectives à ce tubercule ?
« S’il n’y a pas de pain, mangez du muwogo [manioc] », dit Yoweri Museveni, le président ougandais.
Celui-ci a perdu 30 Kg après un régime alimentaire à base de manioc. Sa cure thérapeutique intervient dans un contexte de flambée du prix du blé dans le monde entier à cause de la guerre en Ukraine.
Yoweri Museveni offre une tribune exceptionnelle au manioc. Pour lui, les bienfaits de ce tubercule pourrait être un moyen d’atténuer la crise alimentaire en Afrique.
Cet appel du président ougandais à la consommation du manioc démontre à plus d’un titre que personne ne devait avoir honte de manger, ou d’être vu en train de manger du manioc puisque c’était désormais sa nourriture.
METTRE LE CAP
Aujourd’hui, le leader ougandais fait savoir que cette culture résistante à la sécheresse est également considérée comme bénéfique pour la santé. Citant des spécialistes de santé, il met en exergue le fait que la racine de manioc est sans gluten, riche en vitamine C et en cuivre.
Mieux, le No 1 de ce pays fait valoir le fait que le manioc est disponible toute l’année et bon marché. Et quand lui chef d’Etat se met au manioc, ce dernier doit être débarrassé de l’anathème de « nourriture des pauvres ».
Il exhorte le peuple à se tourner vers un régime à base de manioc.
Hormis les arguments du président ougandais, il faut retenir que dans la réalité, la cuisson du manioc est rapide et facile et n’a pas besoin de four à micro-ondes.
Au-delà du blé durant cette actuelle crise mondiale, il faut souligner le prix élevés d’autres aliments de luxe importés comme le riz. Donc le manioc semble être l’antidote à la flambée du prix du blé (pour le pain).
Après ce plaidoyer du président ougandais, peut-on espérer des lendemains reluisants pour le manioc ?
Appelé il y a des siècles la « soul food » par les esclaves noirs aux USA, et après avoir considéré comme le « repas des pauvres » des domestiques, le compagnon indispensable de tous les élèves des internats, le manioc a plus d’atouts pour inverser la tendance.
L’émergence dans de nombreuses capitales au sud du Sahara de chaînes de restaurants qui ne serviraient que des aliments dérivés du manioc annonce un horizon meilleur.
Rappelons qu’en dehors du manioc, l’igname avait déjà bénéficié d’écrits encenseurs de la part de l’auteur nigérian, Chinua Achebe qui l’a décrit comme « le roi des cultures ».
Il a décrit la récolte de l’igname très attendue avec impatience et avec des rites spéciaux accomplis. Sans cela, la nouvelle igname n’est pas consommée. « Occasion pour revêtir nos plus beaux habits pour la célébrer», écrivait Chinua Achebe.
John SHADUNA correspondant en Afrique du Sud.
Site L’Afrique en marche du 1er mai 2024 No 630
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