Les premières gouttes de pétrole du Niger qui devraient être embarquées dans les tout prochains jours par le biais du projet pipeline de Sèmè ne le seront pas. La décision du gouvernement béninois est très ferme à ce sujet.
L’ambassade de la Chine près le Bénin et la société chinoise, China National Petroleum Corporation (en charge du projet pipeline), ont été informées du refus catégorique du Bénin d’autoriser les bateaux de mouiller dans ses eaux pour embarquer le pétrole nigérien à Sèmè.
Les autorités béninoises par le truchement du ministère d’Etat chargé des Finances et de la coopération ont notifié ce lundi 6 mai 2024 cette décision.
Conséquence, les bateaux affrétés pour l’embarquement des
premières gouttes du pétrole nigérien sur la plateforme de Sémè Kraké est reporté sine die.
Selon les observateurs avertis, la raison principale de cette décision béninoise sonne comme une réciprocité contre le Niger.
En effet, après le dernier sommet de la CEDEAO, l’instance sous-régionale a stipulé l’ouverture des frontières après les sanctions pour cause de coup d’État au Niger le 26 juillet 2024.
OUVREZ LA FRONTIÈRE ET ON LAISSE PASSER VOTRE PÉTROLE
Sans le dire ouvertement, cette décision du gouvernement béninois ne semble-t-elle pas une mesure de rétorsion contre le Niger qui refuse de lever ses barrières?
En effet, la maxime déguisée: «Ouverture frontière contre passage de pétrole», peut-elle être une logique de Business ?
A Cotonou, dans les cercles indiques, on peut bel et bien lier les deux. En affaire, l’un ne peut torpiller l’autre et profiter de lui en même temps.
Alors que le Bénin, l’un des fers de lance des sanctions contre le Niger, s’est exécuté et a autorisé l’ouverture de la frontière de Malanville, la junte du général Tiani n’a pas bougé. Elle garde sa frontière hermétique entre les deux pays.
Dès lors, le Bénin qui ne compte pas être un faire-valoir dans ce dossier de pipeline a opté pour la pression. par des mesures de rétorsion. Ce qui est normal selon les tenants de cette thèse.
Pour les défenseurs de la position béninoise, dans ce projet, même si le Bénin touchera des droits de transit et des recettes fiscales importantes en fonction de la quantité exportée, le gouvernement Talon ne démordre par rapport à la frontière de Malanville.
Car, au-delà des dividendes du transit du pétrole nigérien, le Bénin tient à la levée des barrières à la frontière Niger-Bénin (surtout que notre pays ait levées les siennes), d’autant plus que nos recettes fiscales en dépendent.
Pour les tenants de la position béninoise, la situation actuelle n’est pas une crise de confiance, mais une logique de Business : « Ouvrez la frontière et on laisse passer votre pétrole.»
Dès lors, que fera le Niger qui a déjà percu une avance de 400 millions d’euros de la Chine?
La junte de Niamey va-t-elle ouvrir la frontière sous la pression du Bénin? Ignorera-t-elle ce coup de pression de Cotonou qui bloque une activité dont les recettes sont névralgiques pour son économie?
Christian AFFAMÈ
Site L’Afrique en marche du 8 mai 2024 No 637